Non, bon, en vrai je suis pas du genre à faire des plans, surtout depuis que j’ai vécu une grossesse inattendue.
Je me suis fait à l’idée de l’imprévu merveilleux, qui vient bousculer ton plan, mais ça vaut sacrément le coup. Oui, oui, je te parle de mon fils.
Mais passons, ce n’est pas le sujet.
J’ai quand même des envies, des projets, des choses à concrétiser même si le chemin n’est pas tracé, défini, gravé dans la pierre.
Et il y a tout ce que je tenais pour acquis, ma santé, mes capacités physiques, ma rage de vaincre (comment ça j’en fais trop?), ma détermination.
La maladie tes plans, elle s’en matraque les bibelots avec une pelle à tarte ( cette expression vous est offerte par jementape.fr , attention ce site peut devenir addictif).
La maladie s’invite en toute décontraction, elle fait table rase du passé. (Ah oui, je suis cette mère qui quand son premier enfant est né prématurément, n’avait pas eut le temps de voir le module “berceuse” à l’école des parents. Les jours en néonat se sont donc succédés au son de l’Internationale. Ce qui d’ailleurs fort efficace pour apaiser un nourrisson).
Je disais donc, tu vis ta vie, tu sais où tu veux aller, tu sais qu’il y aura des embûches, des imprévus. Tu as pleinement conscience de tes forces, de tes faiblesses, et tu avances avec tout ça. Tu as confiance.
Et au milieu du jeu, la vie redistribue les cartes et change toutes les règles.
Un jeu tellement différent, nouveau, inconnu qu’il t’es impossible de savoir comment jouer la prochaine manche, bien que la partie continue.
Il y a ce moment, où cela te semble impossible, où tu penses que tu ne surmonteras pas cette épreuve.
En vrai, ces moments-là seront nombreux.
Et puis, comme un môme apprend à marcher, tu apprends à faire avec. A vivre dans ta nouvelle réalité, à adapter tes attentes, tes envies, à accepter la frustration, la culpabilité. A accepter l’incompréhension de tes proches (en même temps, toi-même, tu ne comprends pas, et tu le vis), ceux qui s’éloignent, ceux qui se rapprochent. Tu t’émerveilles quand tes proches commencent à se renseigner sur ta maladie, tu ressens en même une grande reconnaissance envers ta prise en charge, et en même temps un colère incommensurable envers tout un tas de conneries du système de santé.
Tu te casses la gueule souvent, tu t’auto-congratules pour des broutilles (comme ne pas avoir pleuré pendant 24H), tu avances par petits pas de bébé, en attendant que tout ce qui est trop nouveau devienne à nouveau banal.
La douleur, le handicap, la fatigue, les jours où tu pleures non-stop car c’est trop te demander. Accepter que la maladie te change, j’étais une optimiste, je savais que quoiqu’il arrive, je m’en sortirais avec mes fils.
Aujourd’hui, j’ai perdu ça, et je panique.
Accepter d’abord, puis apprendre, et retrouver cette confiance.
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